Ukraine : la couleur de l’empathie

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L’Ukraine subit l’invasion russe, lancée par Poutine pour « dénazifier » son voisin. Un conflit qui fait ressortir le meilleur et le pire des Européens.

Alors que l’accueil des réfugiés s’organise en Europe, cet élan de solidarité interroge notre notion de la fraternité. Car tandis que les caméras du monde entier sont braquées sur l’Ukraine, les autres conflits internationaux semblent éclipsés.

2022 : où en est la guerre ?

Depuis le 24 février 2022, le conflit russo-ukrainien ravive les fantômes des grandes guerres du XXe siècle en Europe. Cette invasion russe effraie d’autant plus qu’elle est inédite sur le continent, ne ressemblant à aucune autre. A force quasi égale sur le plan militaire, quelle issue possible ? Pour preuve, la guerre que le maître du Kremlin pensait remporter en quelques jours, s’enlise depuis plus d’un mois.

Si le conflit s’est étendu à toute l’Ukraine, le pays connait déjà des combats dans la région du Donbass dès 2014. Depuis cette même année, l’Arabie Saoudite mène une guerre au Yémen, en proie à une guerre civile entre les rebelles houthistes et le gouvernement. Elle a causé plus de 380.000 morts et on dénombre 4,2 millions de réfugiés. Rien que ces deux derniers mois, selon l’Unicef, 47 enfants ont été tués et mutilés, 10.200 depuis le début du conflit.

 

Des réfugiés qui nous ressemblent ?                                                                          3.000.000. C’est le nombre de réfugiés ayant quitté l’Ukraine fin mars. Selon le Haut-Commissariat des Réfugiés, ils pourraient être bien plus à fuir dans les semaines à venir. La France se mobilise : collectes alimentaires, déblocages d’hébergements d’urgence, gratuité des transports… Un élan de solidarité salutaire mais qui pose tout de même question, le curseur entre le statut de réfugié et de migrant étant géographique et raciste. Dès la frontière ukrainienne, le traitement des réfugiés est inégal. Nombreux sont les témoignages d’étudiants ou d’expatriés d’origine maghrébine et africaine s’étant vu refuser l’accès à la Pologne par les gardes-frontières ukrainiens. Plus largement, l’inégalité de traitement entre les migrants est soulignée par plusieurs associations. Dans son rapport annuel, Amnesty International souligne la « politique migratoire à géométrie variable » du gouvernement français, ce dernier proposant « au moins 100.000 places » pour accueillir des ukrainiens. Un discours radicalement différent d’août 2021, quand Emmanuel Macron avait appelé à « se protéger contre des flux migratoires irréguliers importants » venus d’Afghanistan.

Laureline Chatriot

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