Philips est dans le collimateur de l’Agence du médicament. Défectueux, des milliers de respirateurs contre l’apnée du sommeil tardent à être changés.
Aujourd’hui, l’apnée du sommeil touche plus de 3 millions de français. Risque de maladies cardio-vasculaires, dépression et fatigue, cette pathologie nécessite de dormir avec un respirateur. En juin dernier, la marque Philips annonçait le rappel de 5 millions d’appareils dans le monde. Une mousse insonorisante est en cause : située à l’intérieur de la machine, les utilisateurs inhalent des particules chimiques dû à la dégradation de la matière.
Des respirateurs cancérigènes ?
La révélation de cette défaillance provoque l’inquiétude et la colère des patients. Car les effets sur la santé sont nombreux et surtout incertains : « potentiellement cancérigène », une partie des particules irritent les voies respiratoires, la peau et les yeux, tandis que des maux de têtes, de l’asthme et des troubles aux reins et aux foie sont aussi possibles. À ce jour, l’Agence du médicament a recensé « 356 signalements de toux, céphalées, irritations » dont cinq cas de cancers qui devront être analysés. Si aucunes données scientifiques ne confirment à ce jour un réel danger, de nombreux utilisateurs préfèrent ne plus utiliser l’appareil, au péril de leur santé.
Phillips sous pression
En France, 370.000 machines sont concernées par ce rappel. Six mois plus tard, seulement 7% des respirateurs ont été changés par le constructeur. L’Agence du médicament se veut désormais plus ferme : Philips est contraint de récupérer 75% des appareils concernés d’ici juin, sous peine de poursuites. L’industriel met en avant des retards dus à une pénurie de matières premières et de transport lié à la pandémie. Entre attente de nouveaux respirateurs et risques pour leur santé, les usagers prennent leur mal en patience. Une vertu que n’aura pas en juin l’Agence du médicament si Philips n’atteint pas ses objectifs.
Laureline Chatriot