4 cartes pour comprendre ce qu’il se joue en Ukraine

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Depuis plusieurs semaines, les yeux du monde entier sont braqués sur la frontière russo-ukrainienne.

Europe de l Est
Carte de l’Europe de l’est: crédit wikipedia Commons

Mais quels sont les véritables enjeux autour de l’Ukraine ? Réponse en carte.

1. L’Ukraine, un pays enclavé entre deux superpuissances
Situé à l’est de l’Europe, bordé par la Mer noire, l’Ukraine est un vaste état qui a toujours été considéré proche de la Russie. Et pour cause, la nation russe regroupant l’actuel Ukraine, Russie et Biélorussie est née à Kiev. Malgré le temps qui a passé, ces trois pays ont gardé une proximité politique et surtout culturelle et linguistique. L’histoire de l’Ukraine ne s’arrête pas là.

Comme certains petits états, le pays a quasiment toujours été sous domination étrangère. Du XIV ème au XVII ème, les seigneurs polonais s’accaparent les grands domaines ukrainiens et la population paysanne est soumise au servage. 

En 1654, les ukrainiens se soulèvent et se placent sous la protection du tsar de toutes les Russies. Au fil du temps, l’Ukraine devient possession russe. Après la Révolution de Février qui voit l’abdication du dernier tsar Nicolas II, l’Ukraine proclame son indépendance. Ils le seront pendant trois ans. En 1920, la République socialiste et soviétique d’Ukraine est instaurée.

En 1991, la dislocation de l’URSS provoque la création de pleins d’états indépendants dont l’Ukraine. 

Aujourd’hui encore, l’Ukraine est une passerelle entre la Russie, avec laquelle elle partage 1500 kilomètres de frontière, et l’UE, 1300 kilomètres avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie.

2. L’Ukraine, un pays coupé en deux politiquement et linguistiquement 

Europe de l Est
Crédit: Wikipedia Common

 

 

Carte représentant les votes par candidat à l’élection présidentielle 2010. En bleu vote pro-russe, en jaune pro-européen. Les dominations successives de la Pologne et de la Russie ont laissé des traces durables sur le pays, ce qui explique en grande partie sa division : 

-La partie nord-ouest dite occidentale: elle balance du côté de la Pologne, elle est de tradition catholique et pratique la langue ukrainienne. Comme ses voisins polonais elle est pour une intégration à l’UE et à l’Otan.

-La partie sud-est dites orientale: elle penche du côté de la Russie, elle est de religion orthodoxe et est peuplée de russophones.

3. La Crimée, meilleur exemple de la complexité de la région

Carte de la Crimée

Europe de l est
Crédit: Wikipedia Common

En 1954, le Premier secrétaire du Parti communiste soviétique, Nikita Khrouctchev, rattache la Crimée à la République socialiste soviétique d’Ukraine pour commémorer les 30 ans de la réunification entre les deux pays. A la chute de l’URSS, les russophones réclament le territoire qui n’est rien d’autre qu’un cadeau d’un ancien dirigeant.

De son côté, la Crimée proclame sa constitution mais reste au sein de l’Ukraine en temps que territoire autonome. Dans sa constitution, il est stipulé que les langues officielles sont l’ukrainien et le russe. En annexant la région en 2014, le Kremlin a aussi pour but de profiter des avantages stratégiques de la Crimée:

ouverte sur la Mer Noire, la Crimée permet à la Russie d’accéder aux réserves pétrolières et gazières. Consciente que l’exportation d’énergie est une de ses principales chances de rattraper son retard technologique et de préserver son influence mondiale, la Russie n’a pas hésité à annexer la Crimée, russophone à 80%.

4. L’avancée de l’OTAN en ancienne zone soviétique 

Otan
Carte des 29 membres de l’OTAN en 2020

Fondé en 1949, l’OTAN a vocation à assurer la sécurité de l’Europe de l’ouest en formant, avec les États-Unis  et le Canada, une force de dissuasion face aux envies expansionnistes de l’URSS.

A la chute du bloc soviétique, l’OTAN n’est pas dissoute, pire pour les russes elle s’étend vers les anciennes possessions soviétiques.

La première vague de 1999 voit la Pologne, la Hongrie et la république tchèque passer sous la bannière de l’OTAN. Les pays baltes ainsi que la Roumanie et la Bulgarie suivront. La Russie fait office de citadelle assiégée alors que les Américains avaient promis oralement à Gorbatchev que « l’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est ». Pour Poutine, la progression de l’OTAN menace la sécurité de la Russie. En 1991, les frontières de l’OTAN étaient à 1200 kilomètres de Saint-Petersbourg, aujourd’hui, elles sont à 100 kilomètres. 

Si l’Ukraine « tombe » dans le camp occidental, alors les missiles de l’OTAN seraient à la lisière de la Russie. Une situation intenable pour le locataire du Kremlin. Au pouvoir depuis 20 ans, Vladimir Poutine a eu le temps de redresser son pays économiquement et militairement. Il a aussi rétabli les lignes rouges à ne pas franchir.

En incluant l’Ukraine, l’OTAN franchirait le Rubicon et Poutine n’attend que ça pour livrer bataille.

 

François Lelièvre 

 

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